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LES MANUFACTURES FRANÇAISES AU XVIII° SIÈCLE 451
Savonnerie, fut introduite à Aubusson et à Felletin vers 1740. Cette sorte d'ouvrage était presque exclusivement réservé aux femmes et aux enfants. La nouvelle industrie ne tarda pas à recevoir une grande extension, et, depuis plus de cent ans, elle fornie une des branches les plus considérables du commerce de laville d'Au-■ busson.
La fécondité de ces ateliers qui faisaient vivre une nombreuse population et qui ne pouvaient prospérer qu'à la condition de produire à très bon marché, a dû être considérable. C'est à des centaines de pièces qu'il faut évaluer leur production annuelle. Quand on parcourt, comme il nous est arrivé de le faire, les nombreux inventaires dressés après décès, au xviii0 siècle, on est frappé de' la quantité de tentures de tapisserie qu'on rencontre dans les plus modestes intérieurs. Il n'est presque pas déménage, si pauvre soit-il, qui n'ait une salle au moins garnie de verdures d'Auvergne. Chez les grands seigneurs et les riches financiers, le luxe prend des proportions extraordinaires. Nous pourrions citer tel inventaire, celui du maréchal d'Humières notamment, qui contient l'énumération de trois cents pièces de tapisserie et davantage.
Pour se rendre un compte exact de la quantité prodigieuse de tentures exécutées au siècle dernier, il faut surtout consulter les inventaires des trésors des églises, encore très nombreux. Celui de Notre-Dame de Paris, dressé en 1683, n'indique pas moins de soixante pièces. Presque toutes les églises de la capitale possédaient quelque suite provenant de dons ou de legs. Ces décorations servaient dans les jour.s de grande cérémonie religieuse; on les employait pour rehausser la pompe cles processions les jours de Fête-Dieu. Il nous a été assure que certaines paroisses de Paris gardaient encore, il n'y a pas bien longtemps, des tapisseries nombreuses dont elles tiraient profit en les louant, les jours de procession extérieure, aux particuliers désireux de décorer leurs maisons. Il y a quelques années à peine, on vendait à Reims le fonds d'un marchand tapissier composé d'une cinquantaine de pièces qu'il louait aux habitants de la ville pour orner la façade de leurs demeures, lors des grandes solennités religieuses.
Nous connaissons sur les tapisseries exposées pour rehausser l'éclat des cérémonies religieuses une série de documents d'un très réel intérêt, mais d'une extrême rareté; c'est une raison de plus pour nous y arrêter un moment.
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